L'instauration compliquée des frais de tenue de compte
La banque LCL vient d'annoncer qu'elle reporte d'un trimestre la facturation des comptes courants, comme la Société Générale, il y a quelques mois. Au final, une majorité de clients passent à travers les mailles du filet entre gestes commerciaux et exonérations.
La banque LCL vient également de faire machine arrière dans la facturation de ses comptes courants.
En 2016, plusieurs grandes banques (BNP Paribas, LCL, Société Générale) françaises ont décidé de facturer des frais de tenue de compte à leurs clients. Ces frais tournent autour des 30 euros par an et en échange, l'établissement bancaire s'engage à surveiller attentivement la bonne tenue du compte. Il s'agit ici de la surveillance des paiements et encaissements, des opérations et des données personnelles.
Problème : cette tenue de compte courant n'est pas passée auprès des clients, trouvant la note trop salée. De nombreuses exonérations ou négociations du montant des frais ont conduit à un recul des banques dans la mise en place de ces frais de tenue de compte.
Le revirement des banques
La banque LCL vient également de faire machine arrière dans la facturation de ses comptes courants. Avant de facturer tous les trimestres 6€ à ses clients, elle doit d'abord "apporter des aménagements techniques" à cette tarification. La banque avait déjà dû consentir à une réduction de 25% pour ses clients dont le salaire est domicilié chez elle, qui pouvait s'additionner avec une autre de 25% pour ceux qui opteraient pour le relevé de compte dématérialisé. Le nouveau patron de la LCL, Michel Mathieu, a précisé aux organisations syndicales, que, "à titre personnel", il était contre l'instauration des frais de tenue de compte. C'est la raison pour laquelle le LCL voudrait "adapter" davantage le prix de ce service "pour privilégier les meilleurs clients".
La Société Générale avait également reporté de six mois l'entrée en vigueur de cette mesure. Initialement prévue au 1er janvier 2016, cette nouveauté a fait l'objet de changements. En effet, seront exonérés de ces frais : les abonnés à un package, les moins de 25 ans et les adhérents à l'offre "haute fidélité". Ceux qui paieront seront donc minoritaires. "Près de deux tiers de nos clients ne seront pas facturés", a précisé aux Echos, un responsable de Société Générale.
Chez BNP Paribas, plus de 50% des clients ne sont pas soumis à ces fameux frais de tenue de compte, du fait de leur basculement vers les packages et les relevés de compte en ligne. Même parmi ceux qui sont facturés, 50% bénéficie de réductions. "Nous restons une entreprise commerciale", renchérit un concurrent, attestant d'une marge de négociation entre le client et le conseiller.
Des clients à la recherche d'économies
Le gouvernement a créé un comparateur de frais bancaires sur le site internet tarifs-bancaires.gouv.fr, pour savoir si la banque facture des frais plus importants que la concurrence. Ce comparateur neutre, gratuit et sans collecte d'informations, disposent d'une base de données de 155 banques, représentant 98% du marché en France.
Le comparateur de l'Etat entend se différencier de ceux déjà existants en apportant "une impartialité, pour le service public". En complément, il propose également une "comparaison rapide et gratuite des principaux tarifs bancaires" selon, Michel Sapin, ministre des Finances. Celle-ci étant circonscrite à quinze tarifs issus de l'extrait standard des tarifs bancaires.
Les clients peuvent alors protester ou tenter de négocier ces frais auprès de leur banque. D'autres font le choix plus radical de quitter leur établissement bancaire pour rejoindre une banque en ligne où les frais de tenue de compte et la carte bancaire ne sont pas facturés. Chez Boursorama, on reconnaît avoir "connu une accélération en matière de conquête en début d'année, grâce au bruit fait autour des frais de tenue de compte".