La nécessité d'une diversification des services pour les banques françaises
Les banques françaises les moins diversifiées commencent à tirer la langue du fait de l'effet des taux bas. Cependant, certains facteurs permettent de garder la tête au-dessus de l'eau.
BNP Paribas et le groupe BPCE ont misé sur un modèle de banque universelle qui a permis d'amortir la chute des taux bas.
La Banque centrale européenne (BCE) va publier, vendredi, les résultats des "stress tests". Pourtant, les banques françaises semblent être plutôt sereines, contrairement à leurs homologues européens. "Nous n'avons pas d'inquiétudes spécifiques" a précisé jeudi aux Echos, Philippe Bordenave, directeur général délégué de BNP Paribas.
Cette sérénité s'est confirmée jeudi avec la publication des comptes de BNP Paribas et du groupe BPCE. Ainsi, ils affichent des résultats nets en hausse avec une consolidation de leurs fonds propres. Les bénéfices nets de BNP Paribas atteignent 2,560 milliards d'euros, en légère croissance de 0,2%, et ceux du groupe BPCE atteignent 1,849 milliard d'euros, en hausse de 77,6% sur le trimestre.
Cette croissance s'explique par le modèle économique choisi par ces deux groupes bancaires. En effet, elles ont misé sur un modèle de banque universelle qui a permis d'amortir la chute des taux bas. C'est la raison pour laquelle La Banque Postale et le Crédit Mutuel se sont davantage exposés. De ce fait, au premier semestre, La Banque Postale a enregistré un résultat net en baisse de 2,6%, à 360 millions d'euros et le Crédit Mutuel, une baisse de 7,5% à 1,226 milliard d'euros.
Les difficultés de la banque de détail
"Nous avons beau avoir des volumes d'activité qui augmentent, les revenus stagnent, voire décroissent...", détaille Philippe Bordenave. Le pôle des marchés domestiques de BNP Paribas, qui comprend la banque de détail en France, en Italie et en Belgique, a vu ses résultats chutés de 0,7%, avec un pic en France de -10%. Cette baisse s'explique par le fait que les taux d'intérêt bas réduisent les marges de crédit et découragent les opérations boursières du fait de l'instabilité du marché. Résultats : les revenus d'intérêts et les commissions ont chuté.
La tendance est identique à la Caisse d'Epargne, à la Banque Populaire, au Crédit Mutuel et à La Banque Postale. Les revenus de cette dernière ont chuté de 220 millions d'euros au premier semestre (hors provision PEL). La seule éclaircie est le coût du risque en baisse pour BPCE, BNP Paribas et Crédit Mutuel.
La banque de financement et d'investissement revient à un bon niveau
"Après un premier trimestre décevant, la banque de financement et d'investissement (BFI) revient à un très bon niveau", confirme Laurent Bonnafé, le patron de BNP Paribas aux Echos. La banque a vu ses revenus progresser de 1,4% à 3,056 milliards d'euros, grâce à une activité accrue dans les métiers obligataires et monétaires.
Natixis a également vu les revenus de ses métiers changes et taux grimper de 64% au deuxième trimestre, du fait de la "forte reprise des marchés de capitaux". Elle affiche néanmoins un résultat net en baisse de 15% à cause d'une dépréciation de 31 millions d'euros à sa participation dans l'assureur-crédit Coface. La filiale du groupe BPCE a ainsi annoncé, pour novembre, travailler à "un projet de transformation et d'excellence opérationnelle" pour "prendre en compte les changements structurels issus des nouvelles technologies".
Revenus exceptionnels et spécialisation des métiers rehaussent les revenus
Les banques peuvent remercier les métiers spécialisés comme le leasing, les services financiers à l'internationale ou encore l'assurance, moins sensibles aux taux bas. Par exemple, à La Banque Postale, l'activité assurance a progressé de 2,7% à 47 millions d'euros. Chez Natixis, les activités assurances ont progressé de 12% et l'affacturage du crédit-bail a dégagé une hausse de 4% des revenus liés aux financements spécialisés.
Par ailleurs, la vente de leur participation dans Visa Europe à Visa Inc. a rapporté à ces banques 1,8 milliard d'euros au deuxième trimestre. Ce gain ne doit pas cacher la réalité, les banques en sont d'ailleurs conscientes puisqu'elles serrent davantage la ceinture et accélèrent dans leur transformation numérique.