L'or à son plus haut niveau depuis 2013
Depuis la fin du mois de mai, la valeur de l'or grimpe inexorablement. Avec une once désormais échangée aux alentours des 1 400 $, le célèbre métal n'avait pas été aussi haut depuis près de six ans.
En un an, le prix de l'or a augmenté de 13 %
Ça ne s'était pas vu depuis 2013. Le cours de l'or, pourtant considéré comme l'un des actifs les plus stables au monde, s'est spectaculairement envolé depuis quelques semaines. Encore inférieure à 1 290 $ le 28 mai dernier (1 150 €), l'once d'or (environ 30 grammes) vaut désormais, un mois plus tard, plus de 1 400 $ (1 240 €). Le prix du gramme d'or lui se situe donc vers les 40 € (45 $).
+ 10 % en juin
C'est donc une valorisation proche des 10 % qui a eu lieu au cours de ce mois. Une aubaine pour les détenteurs de ce métal précieux, mais aussi un signe d'un monde économique préoccupé. En effet, l'or est avant tout sollicité pour sa propriété dite de « valeur refuge ». En épargnant sous la forme de lingots d'or, de pièces d'or (Napoléon, Louis d'or) ou de bijoux en or, les particuliers (ou les entités) peuvent, en théorie, mettre à l'abri leurs capitaux des éventuelles turbulences de l'économie mondiale en se constituant des réserves d'or.
Contrairement à celle des devises, la valeur de l'or n'est pas dépendante des banques centrales. En cas de nouvelle crise bancaire d'ampleur, le cours de l'once ne risque pas de s'effondrer dramatiquement. Ce n'est pas le cas pour les cours de bourse, ni pour ceux du pétrole ou des devises, sans parler des produits financiers qui sont, par nature, risqués et sujet à une forte volatilité.
Au contraire, pendant une crise financière, les investissements convergent mécaniquement vers le métal jaune, justement pour sécuriser son épargne. Ainsi, conséquence de l'offre et la demande, entre 2009 et 2011, le prix de l'or avait doublé, avant de finalement redescendre fin 2013. Qu'il remonte aujourd'hui peut être interprété comme un signe d'inquiétude de la part des acteurs financiers, mais ce n'est pourtant pas la seule explication.
Guerre commerciale et tensions diplomatiques
Alors, pourquoi le plus emblématique des métaux précieux augmente-t-il aujourd'hui ? Et bien, plusieurs facteurs entrent en jeu. Tout d'abord, il est vrai qu'actuellement, les incertitudes sur le marché mondial sont légion. Depuis l'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, les tensions commerciales au niveau international sont devenues monnaie courante, en particulier avec la Chine.
En prévision du G20, qui se tient à Osaka cette semaine, les investisseurs ont peut-être anticipé un éventuel revirement du président américain sur le dossier dit de la « guerre commerciale » sino-américaine, comme ce fut le cas lors de l'édition précédente du sommet à Buenos Aires. Pour ne rien arranger, la récente escalade des tensions diplomatiques entre les États-Unis et l'Iran ajoute de l'incertitude.
Le Golfe Persique étant une région hautement stratégique, notamment vis-à-vis du transport de pétrole, toute déstabilisation pourrait avoir des conséquences dramatiques sur le marché international. D'ailleurs, la Révolution iranienne avait conduit au deuxième choc pétrolier en 1979, déstabilisant par la suite l'ensemble des économies industrialisées.
Le dollar moins influent chez les émergents
En plus de ces conditions délicates, l'affaiblissement du dollar US, lié à la politique monétaire de la Reserve fédérale américaine, favorise également le marché de l'or. Un investisseur muni d'une autre devise pourra désormais préférer s'orienter vers l'or, étant donné que le dollar, bien qu'il le soit toujours, fait de moins en moins office de référence et de valeur refuge à l'international.
Enfin, autre phénomène lié à l'éventuelle fin du roi dollar, ou du moins, à une volonté croissante d'indépendance de la part des émergents vis-à-vis des États-Unis, c'est le rachat, par les banques centrales de ces mêmes pays, d'énormes quantités d'or pour diversifier leurs réserves. Ainsi, selon le journal Le Monde, c'est prêt de 657 tonnes d'or qui ont été achetés en 2018 par les instituts monétaires. Une première depuis quarante ans.
Pour le moment, rien ne semble annoncer une inversion de la tendance. L'or risque bien de poursuivre son ascension. En juillet 2009, le cours avait dépassé les 1 800 $, qu'en sera-t-il cette fois ? Affaire à suivre.