Pour la première fois, une banque française va taxer les dépôts de ses clients
Dans un contexte de taux d'intérêts toujours plus bas, les banques tentent de trouver des nouveaux leviers de rentabilité. Alors que la pratique a été vue récemment en Suisse ou en Allemagne, une banque française va taxer les dépôts d'argent de ses clients.
La banque française Lombard Odier s'apprête à taxer les dépôts de ses clients
Pas facile pour les banques. Alors que le président de la BCE vient d'annoncer une nouvelle baisse du taux de dépôt, la rentabilité des établissements bancaires ne cesse de baisser.
Face à cette conjoncture, les banques s'efforcent de trouver des solutions. Par exemple, les emprunteurs peuvent bénéficier d'un taux immobilier 2019 battant tous les records (1,17% en août 2019). Pour autant, même si les banques élargissent les conditions d'octroi du crédit immobilier, certaines ne peuvent atteindre leurs objectifs stratégiques.
Dans cette optique, certains établissements choisissent de taxer les dépôts de leurs clients. Alors que, jusqu'ici, la pratique n'était pas encore appliquée en France, la banque hexagonale Lombard Odier a annoncé qu'elle taxerait désormais les dépôts supérieurs à 1 million d'euros.
Lombard Odier, première d'une longue série ?
Il y a quelques jours, Bourse des Crédits interviewait Benoît Grisoni, directeur général de Boursorama. Interrogé sur la question de la taxation des dépôts, le directeur de la banque en ligne confiait que : « Si les conditions de taux restent similaires, il y aura peut-être un alignement du marché. Les frais de tenue de compte se sont relativement généralisés, ce n'est pas vraiment une facturation des dépôts mais c'est une pratique qui se démocratise depuis deux ou trois ans [...] Si la situation reste ainsi, peut-être que cela ira plus loin. »
Aujourd'hui, il semble que la situation soit déjà prête à évoluer. Lombard Odier, va taxer les dépôts supérieurs à 1 million d'euros afin de compenser les effets de la politique de la BCE. Une première pour une banque française. Jusqu'ici, le phénomène a surtout touché les banques privées suisses et allemandes. Le Crédit Suisse a, par exemple, décidé de facturer un taux de 0,4% sur les dépôts de ses clients supérieurs à 1 million d'euros. Chez Lombard Odier, la taxation sera effective dès octobre. Pour le moment, l'établissement n'a pas encore communiqué sur le montant des pénalités.
Bien que la mesure ne concerne, pour le moment, que les dépôts de cash très importants, elle pourrait bien faire des émules. En effet, selon les informations des Échos, d'autres banques françaises pourraient également franchir le pas. Des banques comme Neuflize OBC et la Société Générale Private Banking, étudieraient actuellement la mise en place d'une mesure similaire.
Une réaction naturelle des banques
Bien que cette situation puisse sembler cruelle pour les clients, la taxation des dépôts est en réalité assez logique si l'on se place du point de vue des banques.
Elle permettra ainsi de répercuter sur les clients sans mandat de gestion l'impact de la politique monétaire de la Banque centrale européenne. Depuis 5 ans, les banques payent chères les dépôts d'argent de leurs clients. Chaque dépôt de liquidités excédentaires est taxé par la BCE.
La semaine dernière, Mario Draghi, annonçait d'ailleurs une nouvelle baisse du taux de dépôt de -0,4% à 0,5%. Grâce à cette stratégie, l'institution oblige les banques à prêter davantage aux ménages et aux entreprises. Cependant, elle pénalise également les banques privées dont les clients plus riches détiennent plus de liquidités, par rapport aux banques de détail. Ainsi, les établissements privés payent de fortes sommes à la BCE.
Alors qu'une remontée des taux ne devrait pas intervenir avant l'année prochaine, reste désormais à savoir si la taxation des dépôts restera une exception... Ou si elle finira par devenir la règle.