Comment réinventer les services financiers avec l'intelligence artificielle ?
À l'occasion du salon Vivatech organisé à la porte de Versailles du 24 au 26 mai, Philippe Poirot, membre de la section financière du géant Microsoft, a présenté les apports de l'intelligence artificielle dans la réinvention des services financiers.
Avec l'essor de l'intelligence artificielle, les banques traditionnelles, après être devenues immersives, se muent progressivement en banques intelligentes.
Le constat est sans appel : la rentabilité des banques a subi un véritable phénomène d'érosion au cours des dernières années. En effet, les charges ont sensiblement augmenté par rapport aux revenus du secteur bancaire dont la tendance est régulièrement à la baisse. À l'heure actuelle, l'intelligence artificielle fait face à un surplus de détracteurs par rapport à ses promoteurs, ce qui se manifeste par une réglementation pour l'instant européenne mais qui pourrait être amenée à se mondialiser.
Pour contrer ce phénomène de perte qui pourrait s'inscrire dans la durée et devenir structurel, l'intelligence artificielle apparaît bel et bien comme la solution la plus optimale. Il a ainsi été estimé que l'utilisation des données, les fameuses « datas », peut créer de la valeur à hauteur de 300 milliards d'euros dans les domaines de la banque et de l'assurance. À ce titre, un récent article des Échos, a montré que déjà un tiers de sondés était prêt à partager ses données avec une fintech sur les marchés des banques et assurances, ce ratio s'élevant à 40% pour les GAFA.
L'impact pluriel de l'intelligence artificielle
Concrètement, l'intelligence artificielle peut influencer la quasi-totalité des dimensions des métiers de la finance qu'il s'agisse des opérations ou des modèles et du côté des clients comme de celui des employés. En effet, le recours à l'intelligence artificielle peut tout d'abord permettre d'optimiser l'environnement de travail pour les employés. Via l'optimisation administrative, il peut notamment diminuer ce qui est vulgairement nommé « la paperasse ».
Concernant les clients, ces derniers se connectent, en ligne, désormais une fois par jour en moyenne pour consulter leur banque, ce qui explique l'agilité des néo-banques comme N26. Là encore, l'usage de l'intelligence artificielle peut être synonyme d'amélioration par l'élargissement de la relation avec le client grâce aux partenaires. Outre l'automatisation des dossiers qu'elle permet, l'intelligence artificielle apporte de nouvelles techniques telles que le « twin marketing » qui consiste à élargir une clientèle-cible à l'aide d'un algorithme centré sur un seul client très fidèle et de surcroît représentatif.
Au niveau des opérations, l'intelligence artificielle est à même de répondre à l'enjeu primordial de réduction des charges mais aussi celui de la détection des fraudes. Dans les faits, cela passe notamment par un changement indispensable de modèle, de la programmation basique à l'interprétation, c'est-à-dire le « machine learning ».
Au cours des dernières années, l'écosystème des services financiers a particulièrement changé. Presque uniquement occupé par des banques traditionnelles il y a encore vingt ans, les banques immersives ont fait leur apparition avec l'émergence des smartphones et autres mobiles dès 2007 mais avec une vraie accentuation à partir de 2014. A présent, avec l'intelligence artificielle, place aux banques intelligentes.