Pourquoi les taux d'intérêt ne devraient pas remonter
Selon plusieurs médias, qui ont repris un communiqué du courtier Empruntis, les taux d'intérêt devraient remonter dans les prochains jours. Face à cette hausse future, les acquéreurs devraient investir au plus vite pour éviter de payer plus cher. Faux selon Bourse des Crédits.
Les taux d'intérêt ne devraient pas remonter
Jeudi 30 janvier, en une de plusieurs quotidiens, l'on apprenait qu'il fallait acheter et investir au plus vite dans l'immobilier. La cause ? Des taux d'intérêt qui remonteraient, compenseraient la baisse des prix de l'immobilier et rendraient donc l'accession plus chère. L'hypothèse de base et les calculs sont pourtant à remettre en cause.
Un calcul faussé selon l'UFC Que Choisir...
Dans ce calcul effectué par le courtier Empruntis l'emprunt est de 150.000€ sur 20 ans à un taux 3,5%, soit un coût total de 58.800€. Si le prix de l'immobilier continue de reculer, disons de 3% (en moyenne, sans les pics des grandes métropoles), mais que les taux d'intérêt remontent à 4%, le coût du crédit s'en trouvera impacté. Résultat, 66.024€.
Problème, le courtier oublie plusieurs déterminants dans le coût de crédit comme l'explique l'UFC Que Choisir. L'assurance emprunteur en premier lieu, qui, dépendant du montant de l'achat, baissera avec le recul du prix de l'immobilier. Deuxième oubli, « plus important encore, la durée moyenne de détention d'un bien n'est pas du tout de 20 ans, ni même de 15 ans. Elle est de 8 ans », explique l'association de consommateurs.
« D'autant plus que la baisse des prix de l'immobilier pourrait s'étaler sur plusieurs années, le niveau actuel étant historiquement haut », ajoute l'article d'UFC Que Choisir. Si les taux d'intérêt augmentaient effectivement, l'accès au crédit immobilier devenant par la même plus difficile, il faudrait alors s'attendre à une baisse plus importante du prix des biens, faute d'acheteurs.
...Et un scénario économique pas si probable que ça
D'après Empruntis, les taux d'intérêt devraient augmenter au cours des prochains mois. Or, les dépenses publiques dans l'Union Européenne sont aujourd'hui bien supérieures au niveau d'avant crise. Les Etats, en pleine période de désendettement, n'arrivent pas à revenir à leur niveau de 2008.
Pour y faire face, la Banque centrale européenne (BCE) va devoir conserver une politique monétaire extrêmement accommodante. Le 7 novembre 2013, le président de la BCE, Mario Draghi, avait déjà surpris en abaissant le principal taux directeur de la BCE à 0,25% à la suite des chiffres de l'inflation de la Zone Euro.
Les pressions déflationnistes, principales menaces de la Zone Euro, sont très fortes, en premier lieu dans les Etats du Sud, Italie et Espagne. Elles créent un véritable risque d'insoutenabilité des dettes et d'insolvabilité des agents endettés.
Si la BCE se focalise, jeudi 6 février, sur le risque de déflation, le taux de refinancement pourrait tomber à 0,10%, évitant donc toute remontée des taux d'intérêts. « Pour s'assurer que les taux ne remontent pas, M. Draghi martèle que toutes les options sont sur la table. Dit autrement, un nouveau VLTRO, une baisse du taux refinancement ou encore un taux de dépöt négatif sont possibles », explique sur son blog l'économiste Didier Borowski.
Les taux directeurs devraient ainsi rester proches de zéro sur une période de temps prolongée afin de faciliter le désendettement et éviter ces pressions déflationnistes. « Il ne faut pas s'attendre à une remontée des taux directeurs avant 2017-2018 », prévoit M. Borowski pour Bourse des Crédits.