Travaux en copropriété : les obstacles sont encore nombreux à Paris
Même si les travaux représentent un sacrifice financier pour les copropriétaires parisiens, ces derniers n'hésitent pas à les réaliser pour embellir leur immeuble. Au détriment des travaux de rénovations énergétiques, déplore l'enquête de l'Adil 75.
La toiture, le ravalement et la rénovation des cages d'escalier sont les travaux les plus votés.
Acheter et résider à Paris signifie très souvent vivre en copropriété. En plus du prix élevé de l'immobilier, les charges peuvent rapidement grimper si des travaux sont entrepris dans l'immeuble. Les Parisiens priorisent donc certaines rénovations, révèle l'enquête de l'Adil 75 (agence départementale d'information sur le logement), présentée le vendredi 13 février.
Conscients que des entretiens réguliers contribuent à la bonne préservation de l'immeuble, 93 % des copropriétaires parisiens, sur les 500 interrogés, les jugent indispensables.
La majorité des copropriétés étudiées figurent donc en bon état voire en très bon état (53 %), preuve que les immeubles sont « l'objet de travaux, peut-être pas fréquents mais au moins réguliers », analyse Dominique Gadeix, directeur adjoint de l'Adil 75.
Cependant, plusieurs obstacles les empêchent parfois de les mener à bien, principalement le coût. Dans le cas de petites copropriétés, les travaux sont parfois refusés : « une personne nous a dit que les devis d'environ 300 000 euros, présentés pour le ravalement de sa copropriété de 34 lots, avaient été refusés en assemblée générale », rapporte l'enquête.
Les travaux d'économie d'énergie délaissés
Si la toiture, le ravalement et la rénovation des cages d'escalier sont les travaux les plus votés lors des assemblées générales, à 60 %, d'autres suscitent beaucoup moins d'engouement. 90 % des personnes interrogées ne « se mobilisent pas sur les travaux d'économie d'énergie », souligne Dominique Gadeix.
D'où vient ce désintérêt ? Tout d'abord, du manque de soutien financier. Les aides sont nombreuses pour les propriétaires de maisons individuelles (crédit d'impöt, subvention Anah, etc.), mais peu accessibles aux copropriétaires.
« L'éco-prêt à taux zéro a davantage d'attrait à titre individuel, puisqu'il faut réaliser deux à trois actions en terme d'économie d'énergie pour en bénéficier », explique Dominique Gadeix.
Depuis fin 2013, les conditions d'attribution ont été assouplies en faveur des copropriétaires. Plus besoin de réaliser un bouquet de travaux pour obtenir l'éco-PTZ. Mais cette mesure ne suffit pas : en 2014, seuls 38 éco-PTZ ont été délivrés à Paris.
À ce jour, aucun établissement financier n'en distribue aux copropriétés, même si la direction de l'Adil 75 ne doute pas de sa mise en oeuvre « rapide ».
>> Lire aussi : Lancement en Ile-de-France d'un éco-prêt pour les copropriétés.
Informer le syndic en cas de travaux privatifs
Chez soi aussi, faire des travaux n'est pas sans entrave. Le 27 janvier dernier, la Cour de cassation a donné tort à un copropriétaire pour n'avoir pas informé son syndic des rénovations réalisées chez lui. « Il faut parfois soumettre au syndic les travaux privatifs que l'on engage chez soi dans une copropriété, sinon pour autorisation, au moins pour avis ou information ».
La Cour de cassation admet que, sans cette démarche, le syndic fasse suspendre ces travaux lorsqu'ils ont « un impact sur la vie des autres copropriétaires », du fait de l'utilisation des parties communes pour les mener à bien.
Que les travaux soient privatifs ou communs, un seul conseil, selon l'Adil 75 : se tourner vers le conseil syndical, « courroie de transmission entre le syndic et le copropriétaire », pour vérifier les conditions d'exécution.