Ze-Coloc, pour que "l'argent ne devienne pas une source de conflit" en colocation
C'est bien connu, les bons comptes font les bons amis. Afin de simplifier la gestion budgétaire des colocataires, deux Bordelais ont mis au point en 2008, un outil informatique baptisé Ze-Coloc. La solution compte aujourd'hui 75.000 inscrits, dont plus de 40.000 sur les douze derniers mois. Rencontre avec son co-fondateur, Grégoire Compagnon.
L'outil de gestion budgétaire Ze-Coloc a été mis au point en 2008 par deux Bordelais.
BoursedesCrédits : Comment vous est venue l'idée de fonder cet outil de gestion budgétaire à destination des colocataires ?
Grégoire Compagnon : Tout simplement parce qu'à l'époque nous habitions à six en colocation. On avait fait le choix de tout partager, de mettre en commun les courses et les repas. Résultat, on se retrouvait à faire les comptes sur un cahier, c'était un peu galère. Comme on était tous informaticiens, on a décidé de créer cet outil qui au départ était dédié à notre propre colocation et qu'on a voulu ouvrir au public en 2008.
Comment utiliser Ze-Coloc ?
GC : Une fois que vous avez trouvé votre coloc, c'est là qu'on entre en jeu. Il suffit de créer un compte et d'indiquer les noms des autres colocataires qui pourront aussi se connecter. Dès lors, chacun peut ajouter les dépenses communes qui s'affichent ensuite dans "l'historique" et dans le "bilan" pour savoir "qui doit quoi et à qui". Ze-Coloc est un outil qui peut aussi s'utiliser en couple, au bureau, ou même en vacances. Il est possible d'avoir plusieurs colocations au sens large du terme.
Quelles fonctionnalités propose cette application ?
GC : En tout notre outil comporte quatre modes : les dépenses, les remboursements, les avances (lorsqu'un colocataire prête de l'argent à un autre) et les crédits, quand des personnes extérieures à la colocation veulent participer aux frais.
D'autres fonctionnalités dont l'objectif est d'améliorer la vie à plusieurs viennent s'ajouter à cela. Nous avons mis en place une liste de courses collaborative, un agenda pour les tâches ménagères, et rendu possible l'ajout de documents comme les tickets de caisse, la copie du bail ou du certificat d'assurance. Ce sont des documents utiles à l'ensemble des habitants, mais que généralement seul un colocataire garde en sa possession. Les utilisateurs peuvent aussi avoir accès à des statistiques sur l'évolution de leurs dépenses.
L'argent est-il, selon vous, la cause de beaucoup de problèmes en colocation ?
GC : Comme les personnes font souvent des colocations pour des raisons économiques, il faut faire attention à ce que l'argent ne devienne pas une source de conflit. Généralement, les colocataires réussissent à bien gérer leurs comptes, mais c'est une tâche compliquée. Notre application permet une meilleure gestion des petites dépenses. Parfois, un colocataire peut faire cadeau d'un euro, mais si c'est toujours le même qui achète une baguette de pain le soir en rentrant, il peut vite se sentir lésé.
Par ailleurs, ouvrir un compte joint est à mon sens terriblement dangereux, car si un colocataire fait des dépenses abusives et met le compte en négatif, les autres membres de la colocation sont solidairement responsables. C'est d'autant plus problématique qu'il existe un risque d'interdit bancaire.
Pourquoi avoir lancé une formule d'abonnement au printemps dernier ?
GC : La plupart de nos fonctionnalités sont gratuites, mais une formule d'abonnement permet de supprimer les publicités, de disposer d'une plus grande capacité de stockage des documents, en passant de 1 Mo à 1 Go, et de bénéficier de statistiques à plus de trois mois.
D'autre part, avec l'abonnement, les colocataires peuvent installer des dépenses automatiques, comme internet, sans avoir à les rajouter chaque mois. Le prix de l'abonnement premium par colocation, quel que soit le nombre de colocataires, est de 3,99€/mois ou 2,92€/mois si l'abonnement est souscrit pour un an.
Quels sont vos projets pour l'avenir ?
GC : Nous souhaitons traduire notre application en anglais et développer un outil de gestion des tâches ménagères pour une répartition plus équitable. L'objectif est que l'outil prenne en compte les envies et les aptitudes de chacun. A terme, nous envisageons également d'établir des partenariats avec les banques.
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