Baisse des taux de la BCE : les taux des crédits immobiliers devraient rester bas
La Banque centrale européenne a abaissé une nouvelle fois son principal taux directeur à 0,05% jeudi 4 septembre. Une baisse surprise qui devrait permettre de maintenir les taux des crédits immobiliers à des niveaux historiquement bas.
Le siège de la BCE à Frankfort
Beaucoup réclamaient une réaction forte de la part de la Banque centrale européenne (BCE) face au risque déflationniste. La BCE a finalement réussi a déjoué les attentes des analystes en abaissant, jeudi 4 septembre 2014, son principal taux directeur à 0,05%, a annoncé un porte-parole. Le taux de refinancement, c'est-à-dire le principal taux de prêt aux banques, atteint un nouveau plus bas niveau historique.
Autres baisses, le taux plafond (prêt marginal au jour le jour), auquel les banques peuvent emprunter pour la même durée est abaissé de 0,40% à 0,30%. Le taux de dépöt, passé pour la première fois en territoire négatif en juin, de -0,10% à -0,20%, a précisé le porte-parole.
Vers un maintien des taux de crédit à un niveau très bas
Avec la baisse du principal taux directeur de la BCE, pour la 6ème fois consécutives depuis 2012, ce sont les taux variables des crédits immobiliers qui sont directement impactés. En effet, les banques peuvent se permettre de continuer à obtenir des liquidités à moindre coût et se refinancer confortablement ; le taux de refinancement correspondant au loyer de l'argent en zone euro.
Autre bonne nouvelle, concernant les taux fixes des prêts immobiliers cette fois, l'OAT 10 ans de la France continue de baisser, à 1,25% le 4 septembre, alors qu'il était à 1,45% il y a tout juste un mois !
De nouvelles baisses potentielles des taux des crédits immobiliers restent donc plausibles même si celles-ci resteront sans doute limitées en fonction des objectifs commerciaux des banques.
Forcer les banques à prêter plus
En abaissant toujours plus en territoire négatif son taux de dépöt, la banque centrale veut encore une fois inciter les banques commerciales à utiliser leurs réserves excédentaires pour financer l'économie, par le crédit, plutöt que de les stocker auprès de la BCE. Les taxes que les banques doivent payer à la BCE depuis juin, sur ces réserves dormantes, vont donc augmenter.
Le but, pénaliser ces banques afin qu'elles prêtent aux particuliers et aux entreprises. L'accès au crédit n'a en effet jamais été aussi difficile dans les Etats du Sud de la zone Euro et en France. Les banques ne proposent aujourd'hui quasiment plus de prêts au-delàs de 25 ans, alors que les prix de l'immobilier ont pourtant explosé en 10 ans.
La BCE va également lancer un programme de rachat de dette privée pour soutenir le marché du crédit et l'économie de la zone euro, selon son président, Mario Draghi. L'insitution « va acheter un large portefeuille de titres adossés à des titres de créances (ABS) », a-t-il déclaré. Elle « va également acheter un large portefeuille d'obligations sécurisées libellées en euro et émises par des institutions financières de la zone euro », a ajouté le président de la BCE.
Le spectre de la déflation
La déflation fait peur à l'institution monétaire de Francfort (Allemagne). Dans son dernier discours au sommet de Jackson Hole en août, le Président de la BCE, Mario Draghi s'était publiquement inquiété d'une dégradation des attentes d'inflation à moyen et long terme en zone euro. Il avait tenu a rappelé l'engagement de la BCE à combattre tout risque de déflation par une politique active d'injections de liquidité.
En août, les premières estimations d'inflation ont indiqué que la hausse des prix avait encore ralenti dans la zone euro, à 0,3%, soit son plus bas niveau depuis octobre 2009 et le onzième mois consécutif sous la barre du 1%. Des niveaux très éloignés des objectifs de la Banque centrale de 2%.
Les gouverneurs de la BCE se sont toutefois dits prêts à mettre en oeuvre « des mesures non-conventionnelles supplémentaires » si nécessaire dans les prochaines semaines, si le risque pesant sur l'évolution des prix persiste, a affirmé jeudi le président de l'institution.
La BCE a par ailleurs abaissé sa prévision de croissance pour la zone euro à 0,6% en 2014 mais l'a relevé pour 2016.