Selon la Banque de France, l'Europe doit mieux collaborer face aux géants de la tech
Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau s'est exprimé sur les solutions de paiement lors d'une audition au Sénat. Il exhorte les acteurs européens à collaborer plus efficacement.
Le secteur financier est un monde impitoyable. Et François Villeroy de Galhau en a bien conscience. Le gouverneur de la Banque de France a été auditionné, ce jeudi, par une commission d'enquête du Sénat concernant la souveraineté numérique. Pour lui, l'Europe devra miser sur une collaboration accrue, sous peine que le secteur des solutions de paiements ne soit totalement absorbé par les géants de la tech.
Amazon, Apple et Alibaba en embuscade
Dans les faits, le patron de la Banque de France milite pour une coalition renforcée entre les différents acteurs européens. « Nous avons des solutions de paiements encore largement nationales, en partie européennes, mais nous n'avons pas d'acteurs du paiement, nous n'avons pas de grande entreprise digitale » commence-t-il.
Il craint notamment l'arrivée de certains mastodontes de la tech, comme Apple, Amazon ou Alibaba dans le secteur des services numériques de paiement. Il déplore notamment que « de grands acteurs américains ou chinois ont « assez peu de barrières à l'entrée » et « beaucoup moins d'exigences de capital » que dans l'activité bancaire « pleine ».
La Banque de France milite pour une « coalition efficace »
François Villeroy de Galhau préconise ainsi une réaction rapide des acteurs européens : « Il est important, dans un délai assez rapproché, de l'ordre de un à deux ans, qu'une coalition efficace se monte en la matière, sinon nous nous retrouverons avec des paiements qui fonctionneront en Europe, mais dont les acteurs clés ne seront pas européens », a-t-il prévenu.
Ainsi, il lui apparaît primordial que les différents acteurs européens mettent rapidement en place une coalition efficace : « Nous avons encore une fenêtre d'opportunité assez courte avant que ces grands acteurs internationaux ne dominent la scène des paiements en Europe (et) pour avoir une stratégie européenne des paiements qui repose probablement sur une consolidation des schémas nationaux existants », a estimé M. Villeroy de Galhau.
Lors de sa démonstration, il a également souligné qu'« il n'y a pas aujourd'hui de marque européenne de paiement ». Alors que jusqu'ici, le paiement était considéré comme « une activité d'intendance », l'arrivée de la technologie a fortement modifié la donne. Ce secteur apparaît désormais comme stratégique : « en fait totalement stratégique parce que s'y joue beaucoup de technologie, s'y jouent les données, la relation client et donc probablement la maîtrise de l'activité financière ».
En définitive, les différents acteurs européens seraient bien inspirés de suivre les préconisations de M. Villeroy de Galhau, au risque de voir d'autres acteurs en profiter...
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