En Belgique, déposer son argent à la banque pourrait coûter cher
Les banques belges souhaiteraient appliquer des taux d'épargne négatifs aux comptes des épargnants. De quoi largement inquiéter les ménages belges, dont 86% se disent prêts à retirer leur argent de leur compte si une telle décision venait à être prise.
Les banques belges veulent appliquer des taux d'intérêt négatifs sur les dépôts des ménages
Payer pour déposer son argent sur un compte en banque. Une affirmation qui pourrait bien devenir réelle dans les prochaines semaines de l'autre côté de la frontière, en Belgique. Et pour cause, les banques implantées dans le pays militent pour appliquer des taux d'intérêt... négatifs.
Une politique identique à celle de la Banque centrale européenne (BCE), qui applique déjà un taux négatif aux dépôts des banques qui déposent leur argent auprès de l'institution, -0,30%. Objectif, pousser les banques à investir et à prêter pour relancer la consommation. Une décision que pourrait donc bien répercuter les banques à leur tour sur les ménages et leur épargne, afin d'éviter de perdre trop d'argent.
Le gouvernement sous la pression des banques
Face à la menace d'une nouvelle baisse du taux de dépôt, -0,4 puis -0,5%, les patrons des grandes banques belges plaident depuis plusieurs semaines pour la suppression du taux minimum légal de 0,11% sur les comptes d'épargne réglementés. Parmi ceux-ci, BNP Paribas Fortis, Belfius, KBC et surtout la fédération du secteur financier belge, la Febelfin. Des griefs auxquels s'opposent pour le moment le gouvernement du royaume.
L'inflation en Belgique est la plus importante de l'Union européenne. Les gens perdent déjà suffisamment d'argent avec des taux bas. Nous ne voulons pas renforcer cette tendance.
M. Van Overtveldt, ministre des Finances.
En réalité, le taux est déjà plus faible que les 0,11% légaux et le rendement parfois négatif. En effet, les établissements belges sont obligés de proposer un taux de base d'au moins 0,01% et une prime de fidélité de 0,1% minimum (si l'épargnant n'a pas retiré d'argent de son placement pendant un an). Le taux d'intérêt doit dès lors atteindre au moins 0,11%. Un rendement auquel il faut retirer les différents frais bancaires et surtout l'inflation.
Une situation de plus en plus développée en Europe
Cette situation n'est pourtant pas unique. En effet, depuis 2014, des banques allemandes comme la Deutsche Skatbank un petit établissement bancaire coopératif du Land allemand de Thuringe ou DZ Privatbank au Luxembourg appliquent des taux d'intérêts négatifs aux épargnants pour certains dépôts. Un exemple suivi plus récemment par la Suisse, les Pays-Bas, le Danemark et la Suède.
Plus loin de chez nous, en janvier dernier, c'est la banque nationale du Japon qui a appliqué des taux négatifs sur les dépôts. Une décision qui a entrainé la ruée des Japonais vers les distributeurs. En France pour le moment pas d'inquiétude. Le taux Livret A est encore fixé à 0,75% et ne devrait pas baisser.
Retirer son argent ?
Une réaction identique pourrait d'ailleurs bien avoir lieu dans le plat pays. Selon un sondage CheckMarket publié ce week-end pour le quotidien L'Echo si les taux des livrets d'épargne devenaient négatifs, 66% des Belges pourraient tout simplement décider de retirer la totalité de leur argent, et 20% de plus au moins une partie de leur épargne.
Au total, c'est donc près de 9 Belges sur 10 qui pourraient retirer massivement de l'argent dans les distributeurs. Et si cela devait arriver, 32% des personnes interrogées garderaient leur argent sous forme de cash.