Bientôt les Parisiens pourront payer chez leurs commerçants avec une monnaie locale
L'association "Une monnaie pour Paris" a récemment affirmé que la capitale aurait sa propre monnaie dès l'automne 2017. Comment fonctionne ce moyen de paiement alternatif et quelles en sont les caractéristiques ? Le point avec Lucas Rochette-Berlon, porteur du projet.
A Paris, une monnaie locale devrait voir le jour à l'automne 2017.
Il en existe déjà plus d'une trentaine dans l'Hexagone. De l'Abeille à la Pêche, en passant par le Stück et le boyard, chaque monnaie locale complémentaire (MLC) a su proposer une alternative de paiement aux locaux des villes à avoir tenté l'expérience. C'est désormais au tour de Paris de voir émerger sa propre monnaie. Cette MLC devrait être mise en circulation dans la capitale à l'automne 2017.
D'ici là, un referendum sera organisé sur internet et sur différentes places parisiennes pour décider du nom que portera la monnaie. Les citoyens pourront ainsi choisir en novembre prochain, parmi des propositions telles que La Seine, Le Lutèce ou encore La Capitale. Concernant le nombre d'utilisateurs, "Une monnaie pour Paris" espère séduire entre 10.000 et 100.000 Parisiens à moyen terme.
Développer "l'économie sociale et solidaire"
Mais pourquoi s'emmêler les pinceaux avec une autre monnaie, alors qu'on se contentait très bien jusqu'alors d'utiliser l'euro ? Tout simplement, parce que ces monnaies locales complémentaires apportent un aspect éthique et solidaire à nos achats quotidiens.
"Nous ciblons l'artisanat, l'industrie locale et les services", confie Lucas Rochette-Berlon, président d' "Une monnaie pour Paris", à BoursedesCrédits. S'il est encore "trop tôt pour citer des noms de commerces", les Parisiens pourront utiliser leur monnaie dans des AMAP (Association pour le Maintien de l'Agriculture Paysanne), des biocop, mais aussi chez certains médecins, garagistes, cinémas et théâtres indépendants.
L'objectif est de rediriger la consommation vers des produits locaux qui répondent à une charte
Lucas Rochette-Berlon, président d' "Une monnaie pour Paris"
A long terme, le porteur du projet envisage même la possibilité d'utiliser cet argent dans les services publics, comme c'est aujourd'hui le cas à Bristol, au Royaume-Uni. "Là-bas, on peut payer les transports en commun avec de la monnaie locale et les élus sont eux-mêmes payés avec cette monnaie. Ils sont donc obligés de réinjecter l'argent directement dans l'économie de la ville et soutiennent ainsi les produits locaux", rapporte Lucas Rochette-Berlon qui prend le modèle économique de la ville pour exemple.
Une alternative à la mondialisation
Les MLC, encore peu connues du grand public, ont commencé à vraiment se développer en France depuis 2010. L'Abeille a été la première à voir le jour sur le territoire en 2008, après la crise financière. Toutes ces monnaies se veulent une alternative à la mondialisation.
Les MLC circulent jusqu'à 10 fois plus rapidement que l'euro
Lucas Rochette-Berlon, président d' "Une monnaie pour Paris"
"On peut remarquer que la création de ces nouvelles monnaies intervient souvent pendant les périodes de crise géopolitique (conflits, guerres) ou économiques, afin de répondre à des besoins non ou mal satisfaits", nous confiait Pierre-Antoine Gailly, président de la CCI (Chambre de commerce et d'industrie) Paris Ile-de-France, en octobre dernier.
"le fait d'uniformiser le système monétaire le rend plus fragile, les monnaies locales servent à absorber les chocs économiques", nous expliquait à son tour Bruno De Menna, coordinateur du projet Sol-Violette, à Toulouse.
Pas de pièces, mais des billets
Une des caractéristiques commune aux MLC est l'absence de pièces. Si certaines sont virtuelles, d'autres se présentent sous forme papier, avec des coupures parfois plus petites que celles auxquelles nous sommes habitués (1, 2, 5, 20 et 50). C'est à l'association ou au collectif porteur du projet d'en choisir le design. "Nous commençons à travailler avec des dessinateurs et des graphistes", confie le président d' "Une monnaie pour Paris", avant d'ajouter que "les billets garderont une identité locale".
Autre spécificité, les MLC sont contraintes de "disposer d'un fonds de réserve qui correspond à la masse monétaire en circulation". De ce fait, si jamais une monnaie venait à disparaître, les particuliers seraient remboursés en euros, assure Lucas Rochette-Berlon.
>>A lire également : Le Bitcoin profite du Brexit pour prendre de la valeur