Dégradation : de plus en plus d'immeubles à risques dans Paris
Le nombre d'immeubles présentant de forts risques de dégradation de bâti est en nette hausse depuis 2008, selon l'Observatoire de la prévention et de la dégradation des immeubles d'habitation à Paris. De 212 immeubles à surveiller il y a 6 ans, l'observatoire en note aujourd'hui 347.
347 immeubles à risques sont à surveiller dans Paris
7000 immeubles présentant au moins un risque dont 347 « à surveiller » dans la capitale. C'est l'amer constat de l'Observatoire de la prévention et de la dégradation des immeubles d'habitation à Paris, publié par l'Apur (Atelier parisien d'urbanisme) il y a quelques semaines. Des chiffres qui ne cessent d'augmenter depuis 2008, date de la première étude.
17, 18, 19 et 20ème arrondissements
« Près de 70% des immeubles sont concentrés dans les quatre arrondissements du nord-est parisien », note l'observatoire. Le 18ème est le plus concerné de la capitale. Sur les 347 immeubles recensés, 92 y sont localisés : les quartiers de la Porte de Clignancourt, la Goutte d'Or, La Chapelle et Belliard – Doudeauville, sont particulièrement pointés du doigt. Dans le 19ème, c'est 58 immeubles qui sont surveillés et 44 dans le 20ème autour des secteurs Ménilmontant et de la place de la Réunion.
L'observatoire a également signalé 44 immeubles à risques dans le 17ème, aux abords des Epinettes. Autres quartiers qui se dégradent, le Sentier dans le 2ème arrondissement de Paris et les 10 et 11e arrondissements qui se partagent 50 immeubles à risques.
Parmi ces 347 immeubles qui présentent un risque de dégradation de leur bâti, près de la moitié, avaient déjà été repérées en 2013. L'observatoire note ainsi cette année, une nette hausse du nombre de nouveaux immeubles, 194, qui présentent un risque. Autre mauvaise nouvelle, 32 immeubles signalés entre 2008 et 2012, retirés de la liste l'année dernière, y ont fait leur réapparition en 2014.
Problème de sécurité, mise en demeure sanitaire, termites...
Pour figurer parmi cette liste, les immeubles doivent répondre à au moins trois critères fixés par l'Apur. Avoir reçu une mise en demeure sanitaire ou liée à des problèmes de sécurité (incendie, intoxication au monoxyde de carbone), un diagnostic plomb positif, des charges impayées, ou encore la présence de termite.
Autre critère, symptomatique du mal-logement dans la capitale, la forte concentration de petits logements locatifs. Des immeubles qui comptent en moyenne 38 logements contre 22 dans le reste du parc privé parisien.
Des copropriétés dépassées
Des ménages qui connaissent aussi plus fréquemment des difficultés financières se répercutant sur les factures, souvent impayées. Problème, dans 80% des cas ces immeubles sont gérés par une copropriété. Les dysfonctionnements de gestion et d'entretien qui font suite aux nombreuses charges impayées y sont donc fréquentes. Dans 77% des cas des travaux lourds sont même nécessaires selon les syndics des immeubles concernés.
Or « si un seul copropriétaire ne paie pas ses charges, il met en danger toute la copropriété », ces dernières n'ayant pas de réserves financières, explique Me Philippe Bleriot, administrateur judiciaire, spécialiste des copropriétés en danger. Dans de nombreux cas, la situation économique difficile de certains habitants, qui entraine le non-paiement des charges et des loyers, peut mener à un terrible engrenage dans lequel plus aucun habitant ne paie.
Au bout du compte, des immeubles mal entretenus dont la seule solution peut résider dans l'accompagnement juridique et l'engagement de procédure auprès des services de l'habitat. Dans le cas contraire la spirale de l'insalubrité peut mener jusqu'à l'expropriation et la destruction de l'immeuble.