L'inattendu succès du prélèvement à la source
À la veille de la mise en place de cette réforme, votée sous l'ancienne majorité socialiste, les craintes étaient nombreuses. Pourtant, à peine deux mois après son instauration, le prélèvement de l'impôt à la source semble d'ores et déjà être une réussite.
Le prélèvement à la source de l'impôt sur le revenu est en vigueur depuis le 1er janvier 2019
En février, pour le deuxième mois, l'impôt sur le revenu est directement prélevé sur les fiches de paie des salariés. Un changement qui a suscité l'inquiétude dans un premier temps, mais qui finalement, n'a pas provoqué de problème particulier.
Le prélèvement à la source, une vieille histoire française
C'est une idée encore plus ancienne que la Cinquième République, et même que la Quatrième... L'impôt à la source n'a rien de nouveau. Déjà, fin 1939, ce que l'on nomme alors le « stoppage à la source » est instauré par décret, avant d'être abrogé une dizaine d'années plus tard. L'idée refait surface à maintes reprises au cours du siècle. D'abord, en 1966, sous le gouvernement de Georges Pompidou, et puis, au début des années 70, via le ministre de l'Économie Valery Giscard d'Estaing.
Enfin, vingt ans plus tard, à l'aube de l'ère numérique, le Premier ministre Michel Rocard évoque l'idée à un congrès du Parti socialiste, mais c'est à la fin de la présidence de Jacques Chirac qu'on se rapproche le plus d'une éventuelle réforme... Avant que le président Sarkozy ne la suspende. Finalement, c'est sous le mandat de François Hollande, fin 2016, que le prélèvement à la source est enfin adopté par l'Assemblée nationale. C'est donc à son successeur Emmanuel Macron que revient la charge d'appliquer cette réforme. La mise en place, prévue en 2018, et finalement reportée au 1er janvier 2019.
Des craintes et des incertitudes
Le report du prélèvement à la source, annoncé par Edouard Philippe dès juin 2017, avait ouvert le champ à de nombreuses inquiétudes. L'ancienne majorité craignait de voir une de ses dernières réformes finir aux oubliettes, tandis que les Français y voyaient la preuve de l'incapacité des autorités à mettre en place un dispositif efficient. Ces sentiments seront exacerbés à l'été 2018, où l'exécutif laisse entendre qu'un nouveau report est envisageable.
En fin de compte, début septembre, la date d'application du 1er janvier 2019 est bien confirmée. C'est alors un petit vent de panique qui souffle sur les entreprises. Les patrons redoutent les coûts supplémentaires qu'implique la collecte, tandis que les salariés ne sont pas enchantés à l'idée de révéler des informations à leur employeur concernant leur patrimoine. À cela s'ajoute la crainte collective d'un bug généralisé à l'échelle nationale.
Finalement, aucun problème et des Français satisfaits
C'est presque l'option qui était la moins envisagée, et pourtant, tout semble s'être bien passé. Encore plus surprenant, les Français paraissent même, seulement deux mois après sa mise en place, satisfaits de la réforme. Selon un sondage réalisé par Odoxa en février, 74 % des Français soutiennent le prélèvement à la source. C'est 11 points de plus qu'en septembre dernier. Au niveau des entreprises également, le changement semble s'être fait en douceur. 72 % des sondés affirment y avoir été préparés.
La communication du taux personnalisé (et donc du niveau de patrimoine) à l'employeur ne pose apparemment pas non plus de problème. Selon les chiffres de Bercy, début février, seulement 0,6 % des contribuables avaient opté pour la transmission d'un taux non personnalisé à leur entreprise. Au contraire, le prélèvement à la source semble bien accueilli dans le monde du travail, car 71 % des Français jugent qu'il incite les entreprises à se tourner davantage vers le numérique.
Avec cette réforme en tout cas, la France se met au diapason de ses partenaires européens. En effet, le pays était l'un des derniers du Vieux Continent à ne pas procéder de la sorte.