Le renouveau des renégociations de crédit immobilier
Après une période de stabilisation entre la fin de l'année 2015 et le début de l'année 2016, les renégociations de crédit sont en nette augmentation depuis le mois de mars. Cependant, des risques liés aux politiques de prêts des établissements européens sont observés.
Selon les statistiques de la Banque de France, cet essor des renégociations de prêts immobiliers a débuté au mois de mars 2016.
C'est la tendance du moment en crédit immobilier. Après une période de stabilisation fin 2015-début 2016, les renégociations de conditions de prêts immobiliers sont de nouveau à la hausse. Une forte demande qui reste néanmoins loin des records de l'année 2015.
Selon les statistiques de la Banque de France, cet essor des renégociations de prêts immobiliers a débuté au mois de mars 2016, bien aidé par la baisse continue des taux de crédit. Depuis, les renégociations ont continuellement augmenté, représentant 38,3% des nouveaux crédits en juin.
Les banques jouent la concurrence
Les bénéficiaires de ces nouvelles conditions d'emprunt ne sont pas seulement ceux qui sont passés à côté de la vague de renégociation observée l'an passé. Aujourd'hui, la majorité des crédits renégociés ont été souscrits en 2014 ou en 2015. Il est donc possible de voir des dossiers renégociés à plusieurs reprises, pour les meilleurs souscrits avant 2013.
Les banques sont donc obligées de faire avec les taux bas du fait qu'elles ne veulent pas laisser partir les clients acquis lors de la vague de renégociations de 2015. Les publications trimestrielles des établissements bancaires français attestent cette tendance. Ainsi, de mars à juin, LCL a vu ses encours de crédits renégociés progresser fortement après trois mois de baisse.
En revanche, même si les banques jouent la concurrence, elles tentent néanmoins de se protéger contre les crédits dits "transférables". Ces prêts permettent de bénéficier d'un même taux d'intérêt dans le cas d'un changement de résidence avant l'échéance d'un crédit. Le problème : les banques s'engagent donc pour des durées plus longues alors qu'elles ne peuvent pas prévoir l'évolution des taux d'intérêt à moyen ou long terme.
Avec ces mesures, les banques cherchent donc à se protéger contre l'effet boomerang dans le cas où les taux d'intérêt repartiraient à la hausse. Les risques seraient des revenus amoindris, tirés des prêts souscrits aujourd'hui sur des durées longues, mais aussi un refinancement plus coûteux.
Le spectre d'une remontée des taux de crédits immobiliers
Pour Jean-Laurent Bonnafé, directeur général de BNP Paribas, certaines banques en Europe ne prendraient pas en compte ce risque. "Toute renégociation de crédit immobilier n'est pas nécessairement acceptée : nous laissons partir quelques clients. Il faut faire très attention, si on en fait trop, on gage notre bilan pour très longtemps et lorsque les taux remonteront cela peut faire très mal. A travers l'Europe, les banques ne font pas forcément preuve d'assez de prudence...", a-t-il averti lors de la publication des résultats trimestriels de BNP Paribas.
Dans le rapport 2015 de l'ACPR, François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, assurait que le superviseur français surveillait "de près les renégociations de crédits qui interviennent et qui peuvent durablement réduire le rendement des crédits immobiliers".