La négociation immobilière est de moins en moins systématique
Quatre fois par an, le Journal du Net spécialisé dans l'actualité économique, financière et technologique collabore avec Logic-immo.com, un des portails références en matière d'annonces immobilières avec plus d'un million d'offres en ligne. Fruit de cette collaboration régulière, le Baromètre de la négociation immobilière a notamment mis en évidence un affaiblissement du recours automatique à la négociation chez les particuliers acheteurs en ce premier trimestre de l'année 2018.
Les experts immobiliers craignent une inversion du rapport de force en faveur des vendeurs lors des négociations immobilières à terme.
Ce baromètre, créé en 2014, a utilisé une méthodologie similaire à celle employée par l'Observatoire du Moral Immobilier qui a interrogé en janvier plus de 1.200 particuliers envisageant d'acquérir un logement en 2018.
Il en ressort d'une part que les acquéreurs sont plus nombreux à trouver les prix du marché immobilier réalistes. En effet, ils sont désormais 41% à penser ainsi contre 38% à la fin de l'année dernière. Parallèlement, ils sont presque 52% à estimer le contraire contre environ 57% six mois auparavant. Ainsi, on peut considérer que l'image réaliste des prix pratiqués sur le marché immobilier a gagné trois points en cette nouvelle année. Sur le long terme, les acquéreurs sont « 10% de plus à penser que les prix sont réalistes par rapport à il y a quatre ans » précise Stéphanie Pécault, responsable des études chez Logic-Immo.com.
D'autre part, la porte-parole de l'Observatoire du Moral Immobilier voit une autre donnée prouvant la « réconciliation croissante des acquéreurs avec le niveau des prix » : celle-ci concerne la tendance à la négociation qui est légèrement en baisse. Et pour cause, la part des acquéreurs ne négociant pas a plus que doublé en moins de deux ans même si elle demeure minoritaire, à un peu moins de 4%. Si le pourcentage d'acquéreurs négociant systématiquement a très largement augmenté jusqu'à 46,5%, celui des acquéreurs négociant uniquement en cas de perception d'un prix surélevé a en revanche sensiblement diminué à 44%.
Des chiffres accentués chez les Millennials
Les Millennials désignent couramment les jeunes générations nées lors des deux dernières décennies du XXème siècle. Ces derniers témoignent de comportements particuliers par rapport à leurs aînés, faisant naître de nouvelles problématiques dans de nombreuses sphères de la société : l'appréhension du secteur immobilier en fait partie, d'autant plus que les Millennials représentent actuellement 40% des futurs acquéreurs.
Les vingtenaires et trentenaires sont plus propices à la négociation que les anciennes générations en général (près de 54% contre à peine 42%) mais pas dans le cas où le prix leur paraît surélevé puisque puisqu'ils sont tout juste plus d'un tiers à le faire pour cette raison contre un acquéreur plus âgé sur deux. Cette propension plus élevée à la négociation s'expliquerait en particulier par une contrainte budgétaire plus forte selon Stéphanie Pécault. De même, la proportion de Millennials trouvant le marché immobilier réaliste est supérieure à celle des acheteurs en général (presque 49% contre 41%). Celle de Millennials estimant qu'il n'est pas réaliste est conjointement inférieure à celle des acquéreurs en général (environ 43% contre plus de 51%).
Au regard de ces chiffres, plusieurs experts redoutent une inversion du rapport de force historique des négociations immobilières qui pourrait progressivement s'inverser pour avantager le vendeur.
Les graphiques sont issus du communiqué de presse sur le baromètre de la négociation immobilière daté du 26 avril 2018, Paris.
>> Pour aller plus loin : Immobilier : qui sont les futurs acquéreurs ?